echoes® : la télé-échographie affine les diagnostics

Avec le programme echoes®, des médecins de 12 pays accèdent à l’expertise de cardiologues pédiatriques français grâce à la télé-échographie. Un dispositif innovant qui sauve des vies, forme les soignants et ouvre de nouvelles perspectives pour les enfants souffrant de pathologies cardiaques complexes.

Afin de fournir des avis spécialisés dans les zones où l’accès aux soins est limité, La Chaîne de l’Espoir a développé une solution innovante. Depuis 2015, le programme echoes® permet chaque semaine à des experts en cardiologie pédiatrique de l’association d’accompagner à distance des médecins locaux dans douze pays* lors de séances d’échographie en direct.

Concrètement, le médecin sur place réalise l’échographie cardiaque sur l’enfant pendant que les images sont transmises en temps réel aux experts en France, rendant possible un diagnostic collaboratif immédiat. Ce dispositif s’avère particulièrement précieux dans des pays où l’expertise en cardiologie pédiatrique est rare. Il contribue à affiner les diagnostics et à sauver des vies.

Une jeune Vietnamienne bénéficie d’un suivi en télé-échographie grâce au programme echoes®

En 2024, 87 séances echoes® ont été organisées et 482 enfants en ont bénéficié. Au-delà du diagnostic immédiat, echoes® contribue au renforcement des compétences locales. Les médecins participants bénéficient d’un programme de formation continu, avec environ 10 sessions en ligne par an.

Ces formations d’une durée de deux heures alternent théorie et cas pratiques.

Des perspectives ambitieuses

Cette année, le programme va continuer de se développer. Après l’Afrique et le Moyen-Orient, echoes® s’apprête à être déployé en Ukraine, où les boîtiers de transmission sont déjà en place. Cette croissance s’accompagne d’une évolution technologique avec l’adoption de la plateforme Rofim.

Cette nouvelle interface enrichira les échanges entre médecins en facilitant le suivi des patients et la concertation autour de cas complexes. Au-delà de la cardiologie, le programme envisage de s’étendre à d’autres spécialités médicales. La gynécologie, déjà expérimentée par le passé, pourrait ainsi être redéployée, élargissant l’accès à l’expertise médicale pour les populations qui en ont le plus besoin.

* Afghanistan, Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Comores, Côte d’Ivoire, Guinée, Jordanie, Madagascar, Niger, République démocratique du Congo, Togo.

2 questions à

Dr Philippe Adjagba, chef du service de cardiologie adulte et pédiatrique au CHU de la Mère et de l’Enfant Lagune de Cotonou (Bénin)

Quel est l’apport d’echoes® dans votre pratique quotidienne ?

Au Bénin, il y a très peu de cardiopédiatres formés. echoes® nous permet d’obtenir des avis experts essentiels pour affiner nos diagnostics. Depuis 2015, nous avons examiné un nombre important d’enfants et plus d’une cinquantaine ont pu être opérés en France grâce à ce programme. Les séances se déroulent en vidéo, permettant une transmission instantanée des images et un échange en direct avec nos homologues. Ce travail collégial est précieux pour confirmer nos diagnostics et, surtout, pour déterminer les cas nécessitant une intervention chirurgicale à l’étranger.

Quel est l’impact pour les enfants béninois ?

L’impact est énorme pour les enfants béninois qui bénéficient de ce programme. C’est l’espoir d’avoir une chance de prise en charge chirurgicale pour des pathologies non opérables sur place au Bénin. Je me souviens particulièrement d’une jeune patiente atteinte d’une cardiopathie avec valve pulmonaire non ouverte. Initialement, je n’aurais pas donné la priorité à son cas, car c’est une pathologie très grave et complexe pour laquelle il y avait peu d’espoir. Mais grâce à la séance echoes®, elle a pu être identifiée et opérée. Aujourd’hui, elle va à l’école et mène une vie normale. Pour nos équipes, composées de six cardiologues, dont trois spécialisés en pédiatrie, c’est également une opportunité précieuse de formation continue et d’amélioration de nos compétences.