Urgence Séisme Afghanistan : La Chaîne de l’Espoir mobilisée
Le bilan humain est déjà dramatique : plus de 800 personnes ont perdu la vie et plus de 2 700 ont été blessées, selon des chiffres encore provisoires.
Au-delà des pertes humaines, des centaines de familles se retrouvent sans abri, dans un contexte déjà marqué par l’instabilité et la fragilité du système de santé.
L’Afghanistan avait déjà subi en 2023 un tremblement de terre majeur ayant causé la mort de plus de 1 500 personnes et la destruction de près de 63 000 habitations.
Face à cette nouvelle tragédie, La Chaîne de l’Espoir se mobilise, comme elle l’avait fait en décembre 2024 à Mayotte après le passage du cyclone Chido. Présente en Afghanistan depuis 2001, notre association a construit et co-gère l’Institut Médical Français pour la Mère et l’Enfant (IMFE) de Kaboul, un établissement de référence dans la région.
Grâce à cette implantation durable et à l’expérience acquise sur le terrain, nous sommes en mesure de réagir rapidement. Deux équipes médicales sont prêtes à être déployées au plus près des zones sinistrées pour apporter un soutien essentiel : prise en charge des femmes et des enfants, dépistages et orientation des cas graves vers l’IMFE afin qu’aucune victime ne soit laissée sans prise en charge.
Mercredi 3 septembre 2025 – Nos collègues sur place
Au petit matin, trois médecins, une infirmière et une sage-femme se sont rendus sur les lieux de la catastrophe. Ils ont ainsi pu référencer les blessés et les envoyer par ambulance à l’IMFE de Kaboul. Ce sont 5 enfants et une femme enceinte qui ont été pris en charge.
Notre action permet de soulager les hôpitaux de la région qui sont totalement débordés. Par exemple, certaines structures de santé possèdent seulement 10 places en soins intensifs… Ainsi, nous pouvons prendre en charge les cas les plus complexes, ce qui contribue à soulager ces structures dont toutes les capacités auraient été absorbées.
Comme évoqué par Anthony Dutemple, chef de mission de La Chaîne de l’Espoir lors d’un entretien avec TV5MONDE, il s’agit « de pouvoir soutenir l’hôpital provincial et de pouvoir accepter les blessés les plus urgents pour des soins médicaux, chirurgicaux spécialisés – chirurgies orthopédique, traumatologique surtout. »
Jeudi 4 septembre 2025 – Les premières opérations
Les premiers patients transférés à l’IMFE – les 5 enfants et la femme enceinte référencés la veille – ont reçu des soins chirurgicaux.
Lundi 15 septembre 2025 – Un afflux de patients à l’IMFE
Au 15 septembre, l’IMFE a accueilli 12 patients – un garçon ainsi que 11 femmes et jeunes filles – référencés par La Chaîne de l’Espoir en provenance des zones touchées par le séisme en Afghanistan.
Plus précisément, 11 patients référencés venaient de Kunar, province afghane la plus affectée par la catastrophe naturelle. Un enfant âgé de 4 ans venait quant à lui de la province de Laghman.
Les pathologies concernaient principalement des polytraumatismes et fractures multiples et, parmi les blessés, la majorité sont des femmes enceintes ou des petites filles, qui, au-delà des soins dispensés, ont pu bénéficier d’un accompagnement psychosocial, certaines ayant perdu plusieurs membres de leur famille.
À ce jour :
- 10 patients sont sortis de l’hôpital, dont 6 nécessitent un suivi post-opératoire. Ces suivis seront assurés dans la durée par La Chaîne de l’Espoir, qui prendra en charge l’ensemble des frais.
- 2 patientes restent hospitalisées : leur état est stable mais elles se trouvent sous surveillance médicale rapprochée.
Nos prises en charge combinent soins chirurgicaux, suivi médical et accompagnement psychosocial, afin d’assurer la continuité du traitement au-delà de l’urgence immédiate.
Les histoires suivantes de patients, orientés vers l’IMFE dans le cadre de notre réponse d’urgence, illustrent le besoin critique de soutien psychosocial :
- Âgée de 14 ans, une jeune fille a subi un traumatisme crânien sévère lors du séisme et a perdu six de ses frères et sœurs. La perte de presque toute sa famille l’a profondément marquée. Elle reçoit actuellement des soins médicaux à l’hôpital, où son père, son seul parent qui a survécu, s’occupe d’elle. L’enfant fait des cauchemars récurrents, et a constamment peur.
- Une petite fille, âgée de 4 ans seulement, a survécu à une grave blessure thoracique. Elle a perdu sa mère, une sœur et un frère lors du séisme. Elle est désormais prise en charge par sa grand-mère, qui peine à répondre à ses besoins médicaux et affectifs. L’enfant montre des signes de détresse – retrait, pleurs fréquents, difficultés à dormir – ce qui met en évidence la nécessité d’interventions psychosociales spécifiques pour les très jeunes enfants, en complément des soins médicaux essentiels.
- Déjà en situation de grande vulnérabilité, une femme enceinte de 27 ans souffre d’une insuffisance rénale aiguë et d’une fracture du fémur. Elle a également perdu son mari et ses deux enfants dans la catastrophe. Au-delà de sa récupération physique, elle doit affronter une immense douleur, l’anxiété liée à sa grossesse et la peur de l’avenir. Un soutien psychosocial est essentiel pour l’aider à surmonter son deuil, retrouver confiance en sa capacité à prendre soin d’elle-même et de son enfant à naître, et traverser le traumatisme d’une telle perte.
- Survivante présentant de multiples blessures graves, dont un traumatisme rachidien, un traumatisme crânien et une insuffisance rénale aiguë, une femme de 28 ans a perdu onze membres de sa famille dans le séisme. Elle vit une détresse émotionnelle extrême, un désespoir et de grandes difficultés à accomplir les gestes du quotidien. Sans un accompagnement psychosocial dédié, son rétablissement est menacé, tant sur le plan physique que psychologique. Des interventions telles qu’une thérapie centrée sur le traumatisme et un soutien à la réintégration communautaire sont nécessaires.
Ces cas illustrent le fait que l’impact du séisme dépasse largement les blessures physiques. Les survivants doivent faire face à un deuil profond et à une détresse psychologique sévère, souvent avec un soutien familial ou communautaire limité. Un appui psychosocial efficace – incluant les 1ers secours psychologiques, un accompagnement individuel et collectif, des espaces sécurisés pour les enfants et les femmes, ainsi qu’un accompagnement du personnel soignant – s’avère indispensable pour les aider à faire face, à se rétablir et à reconstruire leur vie.
Au 12 septembre, un bilan provisoire faisait état de 2 205 morts, 3 640 blessés, 6 700 maisons détruites et 500 000 personnes directement affectées, dont 263 000 enfants. Au moins 1 172 enfants ont perdu la vie, soit plus de la moitié du nombre total de victimes.
Ensemble, mobilisons-nous