Au sein d'une grande famille

« Quand j’ai quitté mon pays, j’étouffais, je n’arrivais pas à marcher vite et j’avais les yeux rouges. » Steve est une miraculée. La jeune fille de 17 ans souffrait d’une transposition des gros...

« Quand j’ai quitté mon pays, j’étouffais, je n’arrivais pas à marcher vite et j’avais les yeux rouges. » Steve est une miraculée. La jeune fille de 17 ans souffrait d’une transposition des gros vaisseaux, une pathologie qui se gère dans les premières années de la vie. Mais au Congo, la fillette n’a pas pu être opérée. « De l’avis des médecins, c’est extraordinaire qu’elle soit encore en vie avec cette malformation », souligne Danièle, infirmière bénévole à la Chaîne de l’Espoir.Steve Elion a tenu bon, jusqu’à ce que son dossier parvienne aux chirurgiens de la Chaîne de l’Espoir, qui décident de tenter l’opération.

Au printemps 2007, la patiente arrive à Paris. Dans le hall de l’aéroport, l’attend Françoise Verdin. C’est la dixième fois que cette maman d’accueil héberge un enfant de la Chaîne. Elle a l’habitude de veiller sur eux pendant la durée de leurs soins et leur convalescence. Mais cette fois, c’est une grande fille qui arrive et, qui plus est, elle parle français. « C’est énorme, on peut discuter ! », s’exclame Françoise Verdin, qui décrypte d’habitude les mimiques et gestes de ses petits protégés.

Ainsi Steve raconte qu’avant son départ du Congo, sa maman lui a maintes fois recommandé de bien se tenir en France. Ce que la demoiselle applique à la lettre dans la maison de Marly-le-Roy. D’autant qu’elle n’est pas la seule dont les époux Verdin s’occupent puisqu’ils ont adopté trois enfants handicapés. Ils sont aussi parents de quatre « grands », comme dit Françoise. Une telle fratrie, Steve connaît, elle qui a sept frères et sœurs.

Une nouvelle vie

« On essaye de tout expliquer à Steve et de ne pas lui transmettre notre angoisse », souligne Françoise. Surtout les jours de consultation ou à l’approche de l’opération. La patiente a confiance, pour la bonne raison qu’elle sait que sa maman naturelle a toujours gardé espoir, « elle sentait que ça allait réussir. Elle avait la foi », dit sa fille.  De fait, la délicate intervention est une réussite.

Juste le temps de reprendre des forces au centre de moyen séjour Le Château-des-Côtes et la demoiselle entame une nouvelle vie : elle commence par quelques virées dans Paris, avec la Tour Eiffel et Notre-Dame. Le tout, sans essoufflement : « Je peux monter une pente, je peux marcher vite ! ». Elle enchaîne : « Depuis que je suis née, je n’ai jamais pu faire de culture physique, maintenant j’ai envie de m’y mettre ».Toujours en marge par rapport à ses copines, à son entourage, Steve veut rattraper le temps perdu. « Je vais pouvoir être avec les autres », lâche-t-elle. Une phrase qui tranche avec ce visage de petite fille. Avec ou sans ces élastiques roses en forme de nounours dans les cheveux, Steve ne fait pas ses 17 ans.

Sa famille d’accueil lui fait aussi découvrir la Bretagne, où la vacancière opte non pour la mer, mais bien pour la piscine. Ce qui l’a le plus étonné en France ? « Les escalators et le fait que les gens respectent le code de la route ! » «  Et la carte bancaire, ajoute Françoise au début elle ne comprenait pas que je ne sorte pas de sous pour payer ! ».Françoise connaît bien l’étonnement dans les yeux des gamins, elle qui a accueilli des enfants venus du Mali, de Djibouti, du Gabon, d’Afghanistan, du Tchad et d’Irak. Son moteur n’est autre qu’un « échange affectif ». Ou encore un partage, « car nous donnons de notre temps mais nous sommes heureux de pouvoir rendre espoir ».

Ch. P.

Famille_verdin

La famille Verdin lors d'un précédent accueil,

avec Hurra et Athraa, deux soeurs.