Avec Daura et Margaret, la clinique de l'espoir à Port-au-Prince

L’étudiante a passé toute sa jeunesse en Haïti. Alors, dès qu’elle a appris la catastrophe, elle a mobilisé des amis médecins avec les associations "La Chaîne de l’Espoir" et "Alima...

L’étudiante a passé toute sa jeunesse en Haïti. Alors, dès qu’elle a appris la catastrophe, elle a mobilisé des amis médecins avec les associations "La Chaîne de l’Espoir" et "Alima". Trente-six heures après le séisme, elle était sur l’île avec des moyens et des chirurgiens. Et c’est là que l’on voit que la débrouille et les cercles familiaux élargis haïtiens peuvent faire plus que la lourde machine humanitaire. "Au début, comme nous n’avions pas eu de dégâts, nous étions quasiment le seul établissement à Port-au-Prince à pouvoir faire de la chirurgie lourde, raconte Margaret, la maman de Daura, en blouse verte, qui sort devant la clinique pour fumer. J’ai opéré seule durant trente-six heures d’affilée. Heureusement que ma fille est venue à mon aide." La clinique est normalement vouée à la chirurgie esthétique et Margaret est passée du futile et de la reconstruction à l’urgence absolue. " Nous avons utilisé nos chambres pour opérer et nous avons tourné à trois blocs. J’ai réparé des blessés scalpés et malheureusement procédé à de nombreuses amputations. "Elle parle du "gâchis humain" causé par le retard de l’arrivée de l’aide médicale. "Ce sont les premières 72 heures qui sont les plus importantes. On aurait pu sauver les membres de blessés qui ont été amputés si les médecins étaient arrivés plus vite." Elle qui a maintenu en vie six fonctionnaires américains victimes de fractures multiples, mais peste contre les manières de la colonie humanitaire US. "Ils voulaient me piquer un chirurgien alors qu’ils ont du monde."Devant la clinique située en contrebas du quartier de la Montagne Noire, Daura refoule gentiment une équipe de sauveteurs de Miami qui veulent lui "refiler" des blessés peu touchés qu’ils rechignent à prendre en charge.
" À l’aéroport, où les États-Unis tiennent tout, je suis obligé de faire du charme aux soldats pour sortir mon matériel. Sinon, ça bloque des heures." Elle accueille avec une bise et un immense sourire son ami Didier Théard qui dirige une usine de pâtes alimentaires encore à l’arrêt et qui amène du ravitaillement. Toujours le relationnel haïtien. L’étudiante fait héberger les chirurgiens qui tournent aujourd’hui à une dizaine avec trois anesthésistes, assure le fonctionnement matériel de la clinique dans le chaos de la ville. " Je n’imaginais pas être capable de le faire, d'affronter tout cela." Sur son poignet gauche est tatoué en hébreu Daniel. Celui qui a affronté le lion. " Ce tremblement de terre, c’est mon lion", glisse le lutin blond.