Revenir en arrière 10/10/2014 - chirurgie réparatriceenfantenfantsNoma

Dossier : Noma

Depuis mars 2014, La Chaîne de l'Espoir organise des missions de chirurgie réparatrice pour lutter contre les séquelles de Noma.

mission ouagadougou 2014 270 resized 3 1 0

 
Même le mot grec dont elle tire son nom frappe les esprits. Nomein signifie "dévorer". Le noma est de ces maladies tragiquement oubliées, négligées. Comble de l’horreur, elle frappe surtout de très jeunes enfants, de 2 à 6 ans. 

Est-ce le fait de sa non-transmissibilité ? Cette pathologie demeure largement méconnue.

On ne survit pas souvent à cette affection de la muqueuse de la bouche. Et 90% des cas s’avèrent rapidement mortels. Dans le sillage de la souffrance des débuts, la première mort est d’abord sociale. Isolés de leurs communautés, traités en monstre, les enfants victimes de la maladie voient la progression fulgurante de l’infection à Chancrus Oris ronger leur visage en partant de la bouche. Les photos témoignent de la cruauté de la maladie. Photos que nous avons choisi de ne pas vous montrer sur ce site.

Pourtant une simple prise d’antibiotiques éradique le mal à ses débuts, sans séquelles. Hélas, le noma est une maladie de la misère qui frappe des enfants dénutris, déshydratés, isolés. Pour des populations extrêmement précaires parfois victimes de conflits, de famines et de déplacements forcés, l’accès aux soins est problématique.

Les survivants du noma deviendront des adultes défigurés à jamais sans chirurgie réparatrice lourde. On estime le nombre d’enfants atteints par cette pathologie à quelque 500 000 dans le monde. Mais des experts comme le docteur Narcisse Zwetyenga avancent que, faute de données fiables, ce chiffre pourrait être doublé. Voir son interview.

Des missions de chirurgie réparatrice

Forte de son expertise reconnue en chirurgie reconstructrice et générale, La Chaîne de l’Espoir s’engage contre le noma.

Ainsi, une nouvelle mission bi-annuelle dans la polyclinique internationale de Ouagadougou a été réalisée du 27 février au 8 mars 2014.

Plus de 70 patients -15 adolescents et 18 enfants- atteints de pathologies faciales (Noma, mais également tumeurs et fentes labio-palatines) ont été auscultés. Puis, 51 de ces malades ont été opérés.

Encadrés par le Pr Zwetyenga, une équipe de médecins locaux et de bénévoles français aura pendant 6 jours multiplié les actes chirurgicaux pour changer à jamais la vie de ces enfants.

Un espoir : transmettre une expertise aux acteurs locaux

Autant de vies changées, même si plus d’une intervention chirurgicale est parfois nécessaire pour obtenir des résultats satisfaisants.

C’est que l’enjeu est de taille : permettre aux enfants et adultes survivants de retrouver un visage, une vie sociale, une famille parfois.

Le talent, la compétence des bénévoles et des collaborateurs de La Chaîne de l’Espoir sont autant d’impulsions dans la lutte contre la maladie. En effet chacune des opérations est aussi l’opportunité de former les acteurs sanitaires locaux aux gestes chirurgicaux, aux procédures délicates et exigeantes.

L’occasion de relayer un savoir-faire rare, peu de médecins occidentaux ayant l'occasion de traiter et corriger les séquelles du noma.

Perspectives

Rendez-vous est pris pour d’autres patients, à l’occasion de la deuxième session en octobre 2014. Par la suite, deux missions annuelles seront programmées afin de faire à terme de la capitale Burkinabée un véritable centre local de lutte contre le noma.

En effet celui-ci est limitrophe de 6 pays touchés par la maladie : Mali, Niger, Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Bénin. 

Petit à petit, une victoire à la fois, La Chaîne de l’Espoir entend ainsi engager un cercle vertueux sanitaire dans la région. Une logique du meilleur qui allie soins, formation des praticiens, sensibilisation des populations à risque, et réhabilitation sociale des malades.

Pour qu’un jour le noma disparaisse.

Pour le sourire des enfants.

 
Rédaction Damien Waltisperger