Revenir en arrière 04/02/2021 - interviewaccompagnementFrance

Interview de Guillaume Fernandez

Programme d'accompagnement des enfants hospitalisés et isolés en France : nos bénévoles formés et soutenus

Dans le cadre de ce programme, La Chaîne de l’Espoir est aujourd’hui partenaire de 13 établissements de santé en Île-de-France et à La Réunion. En 2020, pas moins de 72 bénévoles se sont impliqués auprès de plus de 90 enfants. Régulièrement, nous formons, sur plusieurs journées, de nouveaux bénévoles aux spécificités de ce programme. Tout au long des accompagnements, ils bénéficient de l’appui de coordinateurs et participent à des groupes de parole animés par des psychologues. Guillaume, formé il y a un peu plus d’un an, nous raconte son expérience unique et si importante à ses yeux.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Guillaume Fernandez, j’ai 29 ans, je suis comptable-auditeur pour une société à Versailles et bénévole à La Chaîne de l'Espoir depuis 1 an. J’ai effectué depuis 2 accompagnements :

Un petit garçon de 6 ans opéré du cœur, arrivé 3 semaines à peine après ma formation. La coordinatrice de La Chaîne de l'Espoir m’a contacté et m’a demandé si j’étais prêt à faire un premier accompagnement et forcément j’ai répondu positif !

Une petite fille de 11 mois qui a subi une double opération cardiaque avec complications mais qui s’est très bien terminée… elle a pu repartir il y a 3 semaines !

Pourquoi vouloir devenir bénévole pour accompagner les enfants hospitalisés ? Et pourquoi à La Chaîne de l’Espoir ?

J’ai moi-même été opéré d’une chirurgie cardiaque et j’ai toujours voulu pouvoir donner de mon temps pour les enfants hospitalisés. Il fallait pour cela que j’ai un travail stable et que je puisse être régulier dans le bénévolat, ce qui est arrivé l’année dernière.

J’ai eu la chance d’avoir mes parents présents durant mon opération, ce qui n’est pas le cas des enfants que nous accompagnons. Pour moi La Chaîne de l’Espoir c’était une évidence et j’accompagne aujourd’hui des enfants dans l’hôpital où je me suis fait opérer !

Pouvez-vous nous expliquer votre rôle auprès des enfants ?

Il y a plusieurs rôles !

Dans un premier temps il s’agit d’assurer une présence régulière auprès de l’enfant, c’est l’une des choses les plus importantes à mon sens. Il faut que l’enfant ressente qu’une personne de l’extérieur est là pour lui et aussi qu’il se sente comme tous les autres enfants car la plupart des enfants hospitalisés ont leurs parents ou de la famille qui viennent les voir régulièrement.

On doit aussi leur apporter de la joie, de la positivité et les sortir de leur quotidien. Ils voient constamment des personnes en blouses, des infirmières et des médecins pour leur faire des injections, leur donner des médicaments, des soins, du coup notre rôle est essentiel.

Quelles activités avez-vous été amené à faire avec les enfants que vous avez accompagnés ?

Dès le 1er jour, la coordinatrice m’a montré comment faire. Elle est restée une heure et demi avec moi. Elle a sorti les jouets et m’a montré comment il fallait se comporter avec l’enfant, l’importance du langage corporel et comment il fallait respecter des distances au départ, et qu’au fur et à mesure on peut être plus proche de l’enfant. Il m’est même arrivé de faire des activités collectives car d’autres enfants voulaient jouer avec nous. J’ai eu la chance d’accompagner des enfants qui étaient assez ouverts aux autres donc on faisait soit des activités seuls comme du dessin, autour de la musique ou collectives avec d’autres enfants.

Est-ce que certaines choses vous ont étonné pendant ces accompagnements ?

Ce qui m’a étonné le plus c’est qu’on a vraiment été formé pour tout. À chaque situation j’avais le sentiment de savoir comment réagir et de savoir quoi faire. Les peu de fois où j’ai eu des doutes, j’ai pu demander à la coordinatrice qui était disponible et qui prenait régulièrement des mes nouvelles. C’est tout un système qui tourne et qui fonctionne.

Selon-vous quelles sont les qualités nécessaires pour être bénévole dans le cadre de ce programme?

Il faut avoir de l’empathie, de la patience, savoir donner sans attendre en retour parce que l’enfant ne nous connait pas. Il ne sait pas au début pourquoi c’est nous qui venons le voir plutôt que ses parents. Il faut aussi avoir le cœur bien accroché car il ne faut pas oublier que les imprévus peuvent arriver à tout moment.

Est-ce difficile de cumuler travail et bénévolat ?

Si on s’impose une certaine rigueur ce n’est pas difficile. Au contraire, c’est gratifiant, cela nous apporte un vrai plus. Il faut choisir d’accompagner des enfants dans un établissement pas trop loin de chez soi ou du travail. Il n’y a pas une seule fois où il m’a été difficile d’aller voir l’enfant. On s’impose des jours et des horaires et on les respecte. Quand on n’est pas disponible ou malade il faut appeler la coordinatrice.

Quelle était la durée de vos accompagnements et avez-vous constaté une évolution au cours de ces derniers ?

Mes accompagnements ont duré de 2 mois et demi à 3 mois et demi. Oui, il a vraiment une évolution au niveau de la relation avec l’enfant. Au début l’enfant est distant, il ne nous regarde pas, il ne nous parle pas. Au fur et à mesure que l’on va le voir, on commence à connaître ses gestes, ce qu’il aime, les jeux qui lui plaisent et au fur et à mesure l’enfant s’ouvre et parle. Le garçon que j’ai accompagné me parlait au début dans sa langue et ensuite il désignait des objets et les nommait en français comme s’il était fier de ce qu’il avait appris et pour montrer qu’il était content de me voir. Au début la petite n’avait jamais parlé et ses premiers mots, elle me les a dits à moi ! Elle a commencé ensuite à communiquer avec le personnel hospitalier.

Au fur et à mesure c’est l’enfant qui nous donne et on a juste à se laisser guider. J’ai appris beaucoup de choses : comment fonctionnait la relation avec un enfant, le quotidien dans un hôpital, l’appréhension des enfants avant une opération car ils ressentent que quelque chose d’important va arriver sans savoir exactement quoi. J’ai aussi appris que même quand on ne parle pas la même langue on peut très bien se comprendre.

Comment s’est passé votre recrutement et votre intégration ?

J’ai contacté La Chaîne de l'Espoir, j’ai reçu un mail et un appel tel pour confirmer mes motivations puis une longue période d’attente avant la formation. L’intégration s’est faite complètement pendant la formation, vous avez réussi à former un groupe, à nous apprendre comment cela fonctionnait. Il y avait des membres de l’équipe du programme d’accompagnement, une médiatrice relationnelle et une psychologue pour déterminer ensemble si nous étions en capacité d’effectuer ces accompagnements avec des enfants hospitalisés.

J’ai trouvé très intéressante la partie de la formation sur la communication relationnelle pour chasser le voile de la maladie et juste voir l’enfant, réussir à créer un lien alors que rien ne nous liait au départ. Je suis allé au groupe de Parole et exprimer mon ressenti à la fin du premier accompagnement ce qui m’a permis de me préparer à un nouvel accompagnement.

Avez-vous une anecdote particulière, quelque chose qui vous a marqué au cours de vos accompagnements ?

Ce qui m’a marqué c’est la vitesse à laquelle les enfants se rétablissaient dès qu’ils se sentent en confiance avec une personne.