Revenir en arrière 13/09/2016 - projet hospitalierjustine girard

Co-développement hospitalier : entretien avec Justine Girard, architecte

 

Entretien avec Justine Girard, architecte, responsable des infrastructures hospitalières à La Chaîne de l’Espoir.

En quoi le renforcement des structures hospitalières est-il fondamental dans les pays du sud ?

Justine Girard : Actuellement, presque tous les décès d’enfants se produisent dans des pays en développement, dont près de la moitié en Afrique… Nos activités en France, nos missions à l’étranger et nos actions de formation, bien qu’indispensables, sont rapidement apparues insuffisantes au regard du nombre d’enfants à prendre en charge. 

Pour répondre efficacement et durablement aux besoins médicaux des pays où nous intervenons, notre stratégie est simple : donner les moyens au personnel soignant local d’opérer lui-même les enfants indigents souffrant de pathologies curables. A terme, l’objectif est que chacun de ces pays acquiert une véritable autonomie médicale.

En la matière, l’aide au développement et le transfert de compétence sont pour nous indissociables. Sans équipes formées, sans équipements adéquats et sans structures hospitalières, personne ne peut sauver ces enfants.

Pourquoi un département hôpital au sein de l’association ?

J.G : C’est précisément pour répondre à ces besoins et à ces enjeux que La Chaîne de l’Espoir a créé il y a 3 ans un « département hôpital ». Il a pour mission de construire ou renforcer des structures sanitaires fiables là où nous agissons. Mais cela fait déjà plusieurs années que l’association est impliquée dans différents programmes de construction, d’équipement ou de réhabilitation d’hôpitaux en Afghanistan, au Cambodge ou encore au Mozambique, pour ne citer que ces exemples.

De nouveaux projets sont en cours de développement au Sénégal et au Mali notamment.

Sur quoi repose le principe de co-développement ?

J.G : Les maîtres mots sont : anticipation, adaptation, gestion des risques et coordination. Ces projets colossaux mobilisent de nombreuses parties prenantes et des compétences variées qu’il faut synchroniser. En tant que maître d’ouvrage, nous devons nous entourer, notamment d’un cabinet d’architecture local pour la conception et le suivi de chantier. Il est également important de savoir écouter et respecter. Tout ce que nous faisons est réalisé dans le plus grand respect des pays où nous intervenons et en concertation avec les autorités locales compétentes. Impliquer en amont l’ensemble des acteurs est essentiel.

Ce type de projet doit s’inscrire pleinement dans la stratégie de développement de chaque pays. Une fois le projet achevé et le transfert de compétence effectif, notre accompagnement se poursuit au-delà de la mise en service de nouvelles structures. Cet accompagnement s’opère de manière dégressive jusqu’à l’autonomie totale de la structure.

En quoi ces projets architecturaux sont-ils spécifiques dans les pays en voie de développement ?

J.G : Les exigences de qualité et de fiabilité demeurent les mêmes. Ce sont les moyens d’y parvenir qui diffèrent. Nous nous devons de développer un bâtit fonctionnel qui tienne compte des réalités incontournables du terrain. C’est le cas notamment du climat (saison de pluies, fortes chaleurs, etc.), des spécificités culturelles locales mais aussi de l’état des réseaux d’eau et d’électricité locaux mais encore des contraintes budgétaires.

Chaque projet est unique et nécessite de définir les meilleurs moyens de le mener à bien.

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