Mémoire de maman d’accueil

Elle la serre très fort contre son cœur. Comme si elle voulait la protéger, coûte que coûte, de l’extérieur. De la maladie. Avec des gestes très doux, Sophie Malmanche rassure Astan, six mois. La...

Elle la serre très fort contre son cœur. Comme si elle voulait la protéger, coûte que coûte, de l’extérieur. De la maladie. Avec des gestes très doux, Sophie Malmanche rassure Astan, six mois. La maman d’accueil ne veut pas que la petite malienne ressente l’inquiétude des adultes, des médecins qui l’analysent parce que son cœur refuse de battre normalement.Alors Sophie redouble d’énergie, parle gaiement et cajole la jolie poupée en grenouillère rose. Avec amour. « Tout l’amour que l’on peut donner dans ces moments difficiles », dit-elle.

Astan est le troisième enfant que Sophie accueille pour la Chaîne de l’Espoir. « La toute première s’appelait Kadidja, elle avait 12 ans et venait du Tchad. Puis nous avons eu Othman, un jeune Irakien de 6 ans. » La petite dernière écoute, blottie dans le giron de sa maman d’accueil. Ces deux là fusionnent, peau blanche contre peau noire.

« C’est du non stop, 24h sur 24 »

Sophie_et_othman « Mes quatre enfants sont grands, je ne travaille plus et j’avais envie de donner du temps », explique l’ancienne attachée commerciale. Dans la maison familiale de Perthes-en-Gatinais, parents et enfants, dont les âges s’étalent de 14 à 19 ans, sont de l’aventure : « Tout le monde est là pour accueillir les petits, au même titre que tout le monde pleure à la fin ! ».

La barrière de la langue ? Ce n’est pas un problème. Sophie a bien cherché quelques mots en arabe sur Internet pour faciliter les choses, mais en général l’échange s’est toujours fait naturellement. « Il faut les entourer et les laisser prendre leurs marques. Et puis, quand ils disent quelque chose, on le note pour pouvoir s’en resservir ». Les jeunes hôtes, de leur côté, absorbent tout nouveau vocabulaire. Sophie sourit : « Je me souviens d'Othman, qui a appris des mots devant le dessin animé Bob l’Eponge ». Quand c’est un jeu, c’est encore mieux, le français rentre tout seul. « Un jour, Othman et ma fille jouaient à cache-cache, je l’ai entendu dire : Léa, t’es où ? » ».

Un autre « truc » de la maman expérimentée: faire attention aux chiens, « tous en ont peur en arrivant, même si après ils les ont sur les genoux ». De même, une fois guéris, les gourmands sont nombreux à avoir pris du poids au moment de reprendre l’avion.

Entre les consultations, les visites à l’hôpital, les virées et l’attention que demande un enfant, Sophie avoue : « C’est du non stop, 24h sur 24. Mais c’est une expérience extraordinaire à vivre, très enrichissante pour la famille ».

Ch. P.