Pr Daniel Sidi: ma mission en Mozambique

Tous les trois mois il se rend à l'Institut du Cœur, au Mozambique. Pourquoi ? Parce qu’il pense que l’affirmation de Rousseau, "l’homme est bon par nature", n’est pas vraie.

Tous les trois mois il se rend à l'Institut du Cœur, au Mozambique. Pourquoi ? Parce qu’il pense que l’affirmation de Rousseau, "l’homme est bon par nature", n’est pas vraie. Le Pr. Sidi n’aime pas parler des cas les plus désespérés, ni faire du sentimentalisme. Une chose est certaine : il a tout vu. Le désespoir de la famille, le sentiment déchirant d’impuissance des parents pauvres. Parfois la mort d’enfants pour lesquels on s’est battu. 

Et alors, pourquoi vous êtes-vous engagé, Pr. Sidi ?

La pipe soudée aux lèvres, derrière ses lunettes, il dissimule une certaine pudeur. "Le sentiment d’être utile, d’accomplir une mission". Un impératif catégorique, inévitable. En 2001, lors de sa rencontre avec Beatriz Ferreira, cardiologue mozambicaine, il n’a pas de doute. Elle n’avait pas d’enfant, mais elle était mère. Elle accueillait tous les enfants, qu’avec acharnement, elle cherchait à soigner. "Beatriz m’a tout de suite rappelé Golda Meir", nous dit-il. La dame de fer, ancienne première ministre d’Israël, surnommée "grand-mère d'Israël". "Choisir les personnes avec lesquelles parcourir un chemin, c’est le socle de ma démarche", affirme le Pr. Sidi. Ils se sont donc reconnus: le même sentiment du devoir.

La même abnégation.

Ses missions, le Mozambique, où il retrouve l’esprit communautaire du kibboutz, en Israël : pour lui, tout est lié. C’est toujours le même fil rouge tout au long de son parcours. Au fil des années passées au Mozambique, le Pr. Sidi, "maître d’ouvrage", a constitué une équipe efficace de personnel local : du diagnostic à la convalescence, la machine tourne bien. Désormais la contribution de La Chaîne de l’Espoir concerne l’expertise pour tous les cas et les interventions les plus graves, soit environ 10% des interventions de l’institut. " Aucun enfant n’est refusé chez nous, affirme-t-il. Même si l’argent n’est pas disponible".  

A l’occasion de sa dernière mission, au mois de janvier 2012, le Pr. Sidi a soigné une cinquantaine d’enfants, atteints de cardiopathies congénitales. Le plus petit avait à peine deux jours. C’était la réponse à notre première question. Mais à présent, nous avons compris qu’ ici à La Chaîne de l’Espoir tout prend une autre dimension, et que les réponses ne sont pas seulement des chiffres.