Revenir en arrière 08/09/2021 - dossier spécialenfantsmaillonsLa Chaîne de l'Espoir

Témoignages : nous sommes tous La Chaîne de l'Espoir

Notre chaîne de solidarité existe grâce aux différents maillons qui la composent, parce que chacun remplit tour à tour un rôle essentiel. C’est pour vous faire vivre La Chaîne de l’Espoir de l’intérieur, au plus près de nos actions, que nous avons choisi de leur donner la parole; notre façon aussi de dire à chacun «merci» pour la force de son engagement en faveur des enfants.

Une chaîne de vie qui sait mobiliser pour déplacer des montagnes

L’histoire de La Chaîne de l’Espoir, c’est celle de femmes et d’hommes qui décident de faire tout leur possible pour sauver des enfants. Cette formidable capacité à se mobiliser s’exprime à différents niveaux, à commencer par nos antennes régionales dont les initiatives variées permettent de sensibiliser un large public à nos actions, de trouver de nouveaux partenaires et de collecter des fonds indispensables.

 

Responsable d'antenne : PHILIPPE BRECHON

Philippe Brechon (au centre sur la photo) croise la route de La Chaîne de l’Espoir lorsque son fils, né comme lui avec une fente labio-palatine, est opéré par le Dr Pavy, spécialisé en chirurgie reconstructrice et bénévole au sein de notre association. Philippe Bréchon ancien professeur de tennis à la retraite, nous rejoint en 2005 comme responsable de l’antenne d’Évreux. Il nous explique en quoi consiste son rôle et ce qu’il apprend chaque jour de cette expérience humaine hors du commun.

" J’ai eu envie de redonner à la médecine ce qu’elle avait apporté à mon fils Mathis et à plein d’autres enfants. Natif d’Évreux et professeur de tennis de métier, j’ai la chance de connaître beaucoup de monde dans le milieu sportif de la région. J’avais beaucoup de contacts avec des chefs d’entreprises. J’ai donc réussi à me rapprocher d’eux. Ce qui les intéressait, c’était de participer à une action concrète comme sauver et changer la vie d’un enfant.

C’est ainsi que j’ai commencé à organiser une soirée annuelle avec un diner spectacle dansant. La dernière édition s’est déroulée en 2019 en présence du Pr Alain Deloche et a permis de collecter 47 000 €. Cet événement rassemble le club des entreprises que j’ai créé il y a maintenant 10 ans et qui compte une quarantaine de sociétés. Il finance une mission à hauteur de 40 000 € (avec une contribution de 4 000 € de la Fédération Française de Football), durant laquelle plus de 40 enfants sont opérés pour des fentes labio-palatines.

J’organise aussi de manière ponctuelle 2 tournois de tennis nationaux dont les bénéfices sont reversés à La Chaîne de l’Espoir, « Espoir 12 » et «Bon’Eure ». J’ai également mis en place depuis 2018, un circuit de compétitions de golf en Normandie. En 2020, malgré la crise sanitaire, sur les 10 prévues, j’ai réussi à en maintenir 5. J’espère faire de même en 2021. Ces manifestations sportives permettent de rapporter 12 à 15 000 €, qui sont ensuite utilisés pour financer une opération à cœur ouvert à Caen, réalisée par le chirurgien Gérard Babatasi, lui aussi membre de La Chaîne de l’Espoir depuis de nombreuses années.

Grâce à l’antenne, je sais qu’une quarantaine d’enfants sont sauvés et peuvent reprendre une vie normale, que des enfants souffrant d’une malformation cardiaque peuvent continuer de vivre alors qu’ils étaient condamnés. C’est ça ma bataille. "

PAROLE DE BÉNÉVOLE

" J’ai été ravie de rencontrer ces bénévoles qui sont vraiment de bonne volonté malgré la distance qui les sépare du siège. Même pendant la pandémie, lorsque la situation le permettait, ils ont essayé de faire des actions, d’organiser des événements. Ce sont vraiment des gens super. "

Marguerite Guglielmetti, bénévole au siège de La Chaîne de l’Espoir depuis 5 ans, » a participé à l’organisation du dernier forum des antennes régionales.

Référent médical - Responsable de programmes - Chef de mission

Un trio indissociable qui ne laisse rien au hasard

Sauver la vie d’un enfant est un travail d’équipe où chacun apporte sa contribution et son expertise. Une parfaite coordination est à la base de notre organisation et de notre efficacité. Le trio formé par le Pr Christophe Chardot (chirurgien pédiatrique et l’un de nos référents médicaux), Alexis Ponel (responsable de notre département programmes) et Patrick Senia (chef de mission au Mali) est un très bon exemple de cette approche collective. Ils se sont prêtés à une interview croisée pour mettre en lumière leur mode de collaboration et les facteurs-clés de missions réussies.

  • L’expertise médicale : Le Pr CHRISTOPHE CHARDOT est chirurgien pédiatrique à l’Hôpital Necker - Enfants malades (AP-HP) et médecin référent pour La Chaîne de l’Espoir.  « J’ai participé à différentes actions de La Chaîne de l’Espoir. Tout a débuté quand le Pr Révillon, qui était chef de service à Necker il y a quelques années, m’a proposé de participer au programme de formation complémentaire des chirurgiens en chirurgie pédiatrique en Afrique de l’Ouest. Par la suite, j’ai rejoint le programme de prévention et de prise en charge des sténoses caustiques de l’œsophage mené par l'association à l’Hôpital Mère-Enfant d’Abidjan, en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, c’est sur ce programme en particulier que j’apporte mon aide. »
  • La vision d’ensemble : ALEXIS PONEL a rejoint l’association il y a 4 ans et supervise aujourd’hui l’ensemble de nos programmes dans le monde. « Le rôle d’un coordinateur de programmes, c'est, depuis le siège, de replacer une problématique médico-chirurgicale dans un ensemble plus complexe, de développer une stratégie et de travailler là-dessus, main dans la main, avec les acteurs de terrains: nos équipes sur place, les partenaires locaux, les hôpitaux, les autorités locales, les acteurs de la société civile, les organisations partenaires qui travaillent sur le volet prévention et sensibilisation car le domaine d’expertise de La  Chaîne  de  l’Espoir reste le volet médico-chirurgical... C’est une alliance en complémentarité d'expertises qui permet d’avoir des projets qui répondent à une problématique dans son ensemble.»
  • La connaissance du terrain : PATRICK SENIA, ingénieur de formation, travaille dans le secteur humanitaire depuis plus de 25 ans. Il a rejoint La Chaîne de l’Espoir en 2020 en tant que chef de mission au Mali. « Mon rôle est de rendre accessible nos différentes activités de chirurgie au Mali. Il peut s’agir de l’organisation de missions chirurgicales, d’activités de soutien à un hôpital, d’activités d’accompagnement. Tout ce travail demande d’organiser des missions, de gérer des budgets, de tisser des partenariats de confiance pour que tout se passe bien. Ça demande aussi de représenter La Chaîne de l’Espoir auprès des ministères de la santé, de nos partenaires techniques et financiers. Le chef de mission règle souvent les problèmes qui touchent à la mise en œuvre de la stratégie et veille à ce que les fonds soient bien utilisés. »

 

En prenant l’exemple des missions dédiées aux sténoses caustiques de l’œsophage, comment vous coordonnez-vous ?

Pr Christophe Chardot : Ces missions s’adressent à des enfants qui ont eu des brûlures caustiques ou une pathologie grave de l’œsophage. D’abord, après consultation, les médecins sur place nous adressent une observation médicale permettant d’évaluer l’état de l’enfant et ce qu’on peut proposer. Ensuite, on en discute par visioconférences avec l’équipe d’Abidjan par exemple, l’équipe au siège, les différents participants dans les pays qui collaborent au programme, et enfin, moi-même depuis l’Hôpital Necker. La mission commence alors un peu à s’organiser. On fait ensuite quelques réunions préparatoires avec le staff pour la planifier. On définit notamment les personnes à mobiliser, les matériels nécessaires ainsi que les aspects logistiques. Les équipes locales, quant à elles, font de gros efforts de préparation, notamment pour s’assurer que les enfants ne sont pas dénutris et qu’ils pourront bien être opérés.

Alexis Ponel : Le médecin joue pleinement son rôle d'analyse, de conseil et d'expertise sur le volet opératoire. Il nous accompagne sur plusieurs questions : comment une pathologie doit être traitée ? Comment on évalue les besoins en termes de renforcement de compétences des équipes locales après les avoir vues et évaluées? Comment on construit un projet médical sur plusieurs mois, plusieurs années? Quelles sont les équipes de bénévoles qui doivent composer les missions?...

Patrick Senia : Le chef de mission sur le terrain est essentiel à la mise en œuvre de nos activités tout comme le coordinateur au siège et le référent médical. Chacun dans son rôle amène sa plus-value, sa connaissance. En ce qui me concerne, c’est la connaissance du terrain. Pour le coordinateur, c’est la prise de recul. Et pour le référent médical, c’est toute sa connaissance et son expérience dans le domaine de la chirurgie pédiatrique.

 

Qu’est-ce qui décide du succès d’une mission?

Pr C. C.: Des interventions de cette importance ne peuvent pas être improvisées. Elles doivent être planifiées et longtemps à l’avance. Ensuite, le post-opératoire doit aussi être anticipé. Si tout se passe sans complications, c’est parfait. Mais il peut arriver que ce ne soit pas le cas, donc il est important d’anticiper toutes les situations pour être en mesure de réagir.

A. P. : Je dirais que c’est d’abord l'adhésion complète de l'environnement et des acteurs locaux du programme. On ne peut monter un programme que s’il y a un travail de concertation, un travail conjoint d'analyse qui a été réalisé avec les acteurs qui vont jouer un rôle dans ce projet. Ensuite, c’est de faire en sorte que tout soit prêt pour l'équipe médicale bénévole de l’association lorsqu’elle se rend sur place: les enfants qui vont être opérés, le planning prévisionnel, les objectifs de formation des équipes locales. Encore une fois, cela se joue dans la préparation des dossiers des patients, les discussions, les négociations, la formalisation des échanges et la collaboration qu'on peut avoir avec nos partenaires.

P. S. : Il faut aussi s’assurer de l’approvisionnement en médicaments et en consommables avant que les missions ne démarrent comme par exemple, faire en sorte que les poches de sang soient disponibles. Parce que tout ce qui a trait à la collecte de sang dans les pays du Sud est extrêmement complexe. Il faut également s’assurer des conditions de sécurité pour ne pas mettre en danger nos équipes.

 

Que préférez-vous personnellement dans ces missions ?

Pr C. C.: Je pense qu’on est tous motivés par le même objectif qui est de rendre service à ces enfants. Mais aussi de pouvoir faire de l’enseignement, non seulement dans le domaine concerné par la mission mais aussi dans ceux qui gravitent autour. Enfin, sur le plan humain, ce sont toujours des expériences très intéressantes et positives. On crée des amitiés, moi j’adore ça.

A. P.: Je vais reprendre l’exemple des cas d’ingestions de soude caustique qui sont des accidents tragiques pour l'enfant et pour sa famille. C'est tellement touchant de voir ces enfants qui, une fois opérés, retrouvent le plaisir de vivre, de voir des parents qui retrouvent le sourire et sont rassurés. J'aime par-dessus tout être avec ces équipes de bénévoles de La Chaîne de l'Espoir. Il se crée pendant ces missions un lien unique, quasi familial. On vit ensemble pendant plusieurs jours, matin, midi et soir. On parle bien sûr de la mission, des enjeux du programme. Mais on parle aussi de notre vie en France. Il se crée véritablement des liens d'amitié. C'est quelque chose qui nous rapproche.

Et vous Patrick ?

P. S.: Voir un enfant avec sa maman et son papa qui rentre à l’hôpital extrêmement soucieux, inquiet, malade, et qui en ressort soulagé, avec le sourire et guéri: voilà, c’est ça le sens de mon travail qui me donne l’envie de me lever le matin. C’est de voir des équipes chirurgicales maliennes pouvoir faire toutes seules des opérations dont elles n’étaient pas capables avant de recevoir notre accompagnement. Ça aussi, c’est quelque chose qui fait très chaud au cœur parce que là, on a doublement réussi.

 

Un dernier mot pour conclure ?

Pr C. C. : La Chaîne de l’Espoir est ouverte à toutes les bonnes volontés. C’est une aventure basée sur le bénévolat des gens et sur la volonté de donner de son temps, de son expérience et ses compétences, pour aider d’autres personnes. La variété des programmes permet à chacun de trouver sa place en fonction de ce qu’il peut apporter et donner.

A. P.: La Chaîne de l’Espoir est une des rares associations qui travaille spécifiquement sur le médico-chirurgical. Des relations amicales se construisent en même temps que les programmes voient le jour. Je trouve que c'est une aventure formidable.

P. S.: Au-delà de sauver des vies, La Chaîne de l’Espoir permet aux pays eux-mêmes de sauver des vies. C’est tout l’enjeu du développement avec comme objectif d’atteindre le non-assistanat. Mais c’est un processus extrêmement long et complexe. Il nécessite de s’inscrire dans des durées de 4, 5, parfois 6 ans.

PAROLE DE DONATEUR

Merci pour votre dévouement et votre humanité dans un monde injuste et souvent cruel. Vous êtes les héros invisibles que chante Bruel et qui méritent notre reconnaissance, sinon notre admiration. 

Pascal M., donateur, à l’adresse des équipes de La Chaîne de l’Espoir.

Famille d’accueil : Sophie Malmanche

Aux côtés de chaque enfant transféré en France, une formidable famille d’accueil

Madame Sophie Malmanche, son mari et leurs enfants, accueillent des enfants opérés en France par La Chaîne de l’Espoir depuis plus de 15 ans. 15 années de bienveillance et de solidarité qui leur ont beaucoup apporté.

«Un jour, j’ai vu un téléfilm qui parlait de La Chaîne de l’Espoir. Je me suis dit que c’est quelque chose que je pouvais faire, que je pouvais aider des enfants ; parce que j’ai un cœur de maman. Cela a été une décision familiale avec mon mari et nos enfants qui étaient encore à la maison, car ça nous impliquait tous. On a d’abord accueilli une jeune Tchadienne âgée de 12 ans. Depuis, on accueille en moyenne 1 voire 2 enfants par an, soit 18 à ce jour. Ce qui les différencie, c’est leur caractère. L’âge joue aussi énormément. On les intègre complétement à notre vie française et ils s’adaptent très vite. Les tout-petits encore plus facilement, car ils s’attachent rapidement à la personne qui s’occupe d’eux toute la journée. Pour moi, La Chaîne de l’Espoir porte très bien son nom. Au-delà de l’espoir, je dirais que c’est une renaissance pour ces enfants. C’est ce que nous on vit au quotidien, une fois qu’ils sont opérés. Ce sont toujours de grandes aventures humaines, aussi bien pour les adultes que pour les enfants. C’est un vrai bonheur de les voir « réparés », de les voir repartir avec le sourire auprès de leur famille. Et se dire qu’on a sauvé un enfant dans le monde, c’est beau. »

TOUS ENSEMBLE, NOUS ÉCRIVONS DE TRÈS BELLES HISTOIRES

Un matin de juillet 2019, la petite Berekya âgée de seulement 2 ans, ingère accidentellement de l’eau émolliente hautement toxique dans le salon de coiffure et d’esthétique où travaille sa maman, Félicité, à Bingerville en Côte d’Ivoire. Cette dernière la conduit à l’hôpital le plus proche. Le cas s'avère complexe et Berekya voit son état de santé se dégrader au fil des mois, jusqu'à sa prise en charge à l'Hôpital Mère-Enfant de Bingerville où intervient La Chaîne de l’Espoir. La petite fille est alors opérée par nos équipes lors d’une mission menée en avril dernier. Aujourd’hui, Berekya est sauvée et sa maman a tenu à nous adresser cet émouvant message:

« Chez nous, tout va bien. Nous nous portons bien. Depuis que nous sommes sortis de l’hôpital, vraiment, il n’y a aucun incident, aucun inconvénient. Berekya mange. Elle ne mange pas encore beaucoup trop, mais en tout cas elle mange de tout. Vraiment, je tenais à vous dire merci. Merci à toute l’équipe de La Chaîne de l’Espoir. Merci encore. Tous les jours je vous dis merci. Je ne peux pas vous oublier. Ça a vraiment été un coup tellement dur pour moi. Et aujourd’hui, voir mon enfant manger, c’est une joie inexplicable. Je voudrais vous dire encore merci. Merci pour tout. »