Revenir en arrière 18/12/2020 - Sage-femmeinfirmière

Lumière sur les métiers de sage-femme et d'infirmière

Organe décisionnel suprême de l'OMS, l’Assemblée mondiale de la Santé a désigné 2020 comme année internationale des sages-femmes et du personnel infirmier.

Si 2020 fût une année éprouvante à bien des égards, elle aura néanmoins permis de mettre en exergue le travail exceptionnel accompli par le corps médical, et notamment les sages-femmes et les infirmiers. Des hommes et des femmes de l’ombre qui consacrent leur vie à prendre soin des autres. Pour en parler, nous avons souhaité laisser la parole à Agnès Simon et Laurence Boutin.

Entretien avec Agnès Simon, Sage-Femme à La Chaîne de l'Espoir

Sage-femme, Agnès Simon participe depuis 2012 au programme Mère-Enfant de La Chaîne de l’EspoirEn 2016, elle intègre pleinement notre association. Dès lors, elle collabore à des projets en Afghanistan, au Bangladesh, en Côte d’Ivoire, au Kurdistan… Riche de cette expérience humanitaire et de ses connaissances professionnelles, Agnès revient avec nous sur son métier de sage-femme et les efforts déployés par La Chaîne de l’Espoir afin d’en améliorer les conditions d’exercice de par le monde.

Qu’est-ce qu’une sage-femme ?

« Expliquer ce qu’est une sage-femme, c’est une grande aventure ! Ça dépend des pays, mais globalement, on s’occupe de la santé des femmes et de la santé des nouveaux-nés. Nous sommes présentes durant toute la période de la naissance : de la grossesse à l’accouchement. On est aussi auprès des patientes pendant leur vie de femme, c’est ce qu’on appelle en français l’aspect gynécologie. On s’occupe également du soin des enfants et on a aussi un rôle dans l’éducation à la santé. Ce sont vraiment nos missions essentielles. »

Pouvez-vous nous parler des sages-femmes à travers le monde ?

« Les sages-femmes n’ont pas le même rôle partout dans le monde, même en Europe. Il y en a par exemple qui sont des auxiliaires de santé, qui travaillent sous la responsabilité d’un médecin. En France, on a la chance d’être autonomes tant que la femme ne présente pas de pathologie, et si c’est le cas, on doit alors en référer à un médecin. Mais ce n’est pas toujours comme ça. Il y a des endroits en Afrique, par exemple, où les sages-femmes sont très isolées. Elles n’ont ni le matériel, ni les moyens de travailler. Les formations sont aussi d’un niveau extrêmement différent. Tout cela peut aboutir à des chiffres qui sont assez tétanisants sur la santé maternelle, qui font que par exemple, en Afghanistan, on meurt 1 000 fois plus qu’en France en donnant naissance à un enfant. Bien sûr, ce n’est pas seulement une question de sages-femmes, c’est aussi l’absence d’infrastructures hospitalières, d’accès à l’eau potable,... »

Comment La Chaîne de l’Espoir agit afin d’améliorer les conditions d’exercice des sages-femmes ?

« Nous, ce que l’on fait en tant que La Chaîne de l’Espoir, c’est vraiment du compagnonnage. Et j’utilise à dessein ce terme de « compagnonnage ». On n’arrive pas avec nos tanks, nos chars, nos nouvelles technologies,… On fait un état des lieux, une analyse de la situation, des études préliminaires,… On regarde où on pourrait faire bouger les lignes pour que la condition des femmes et des sages-femmes, et donc, la survie des femmes et de leurs enfants, soient améliorées. Cela se traduit par des projets qui peuvent s’intégrer dans la structure locale et qui peuvent être compris et poursuivis. Puisqu’il faut savoir que nous serons toujours amenés à partir. Donc il faut vraiment construire, et construire avec eux. »

Quels sont les impacts des actions de La Chaîne de l’Espoir ?

« L’impact de La Chaîne de l’Espoir, c’est la mise en œuvre d’un hôpital de référence, qui répond aux normes européennes, au niveau de l’équipement, de l’environnement, de la formation des professionnels,... Souvent, d’ailleurs, on fait faire aux équipes médicales et dans ce cas, aux sages-femmes, un bond technologique énorme. Entre être sage-femme dans un hôpital public dans une province afghane et arriver à l’IMFE (l'Institut Médical pour la Mère et l'Enfant) à Kaboul, par exemple, il y a un énorme saut technologique qu’il leur faut franchir, et elles font ça très bien. Évidemment, ça demande un accompagnement. Ça nous demande à nous aussi de nous adapter à leur pratique, à la façon dont elles ont appris le métier. En fin de compte, ce qu’elles nous disent souvent, c’est que quand elles viennent travailler à l’IMFE, elles ont enfin le temps de prendre en charge les patients dans de bonnes conditions. Elles retrouvent le bonheur de pouvoir assister à la naissance en prenant le temps. »

Que retenez-vous de ces missions ?

« Grâce à ces missions, ce qui est fantastique, c’est qu’on apprend toujours quelque chose. On apprend à apprendre. On découvre, on comprend et après on adapte ce qu’on peut transmettre, ce qu’on peut faire progresser. Effectivement, je ne peux m’empêcher de penser à l’Afghanistan, puisque depuis 2016, j’y passe 3 à 4 mois par an. Mais j’ai découvert d’autres pays incroyables, comme le Bangladesh, où les gens tombent 7 fois et se relèvent 8 fois. C’est un pays qui est à l’opposé au niveau géographique de l’aridité et des montagnes afghanes, mais à chaque fois, il y a cette intensité de la naissance. Et je suis toujours extrêmement touchée que ces femmes m’acceptent comme elles le font, moi, française à La Chaîne de l’Espoir, venant d’un pays totalement différent. Qu’elles nous acceptent si volontiers, pendant ces moments si intenses que sont les naissances. »

 

Agnès Simon

Interview de Laurence Boutin, à l'origine du programme SIPHA

Pédiatre à La Chaîne de l’Espoir, Laurence Boutin évoque le programme SIPHA (dédié à la spécialisation en pédiatrie des infirmières en Haïti) et l'importance du personnel infirmier.

ITW Laurence Boutin - Programme SIPHA