Revenir en arrière 23/06/2022 - coopération Sud-SudDossierlettre d'information

La coopération Sud-Sud : un pas de plus vers l’autonomie

La coopération Sud-Sud : un pas de plus vers l’autonomie

Comme la définit l’ONU, la coopération Sud-Sud est un système de collaboration, de partage de connaissances, de compétences et d’initiatives réussies entre les pays en développement, dans des domaines variés tels que l’agriculture, les droits de l’Homme, l’urbanisation, la santé…

Depuis 2016, La Chaîne de l’Espoir s’appuie sur cette forme de coopération pour favoriser les transferts de compétences et mettre en place des pôles médicaux régionaux de référence. Ainsi, la coopération Sud-Sud permet progressivement aux enfants, quelle que soit leur pathologie, d'être opérés dans leur pays ou un pays voisin.

Nous vous invitons à découvrir les rouages et avantages de la coopération Sud-Sud.

La coopération Sud-Sud : un accélérateur d’efficacité

Pour que des enfants malades puissent être opérés dans leur pays d’origine ou dans un pays voisin, il est indispensable de former les équipes médicales locales. Ce défi pour l’autonomie est au cœur de la coopération Sud-Sud que nous appuyons de différentes manières.

Notre soutien prend plusieurs formes :

  • Assurer un transfert de compétences efficace et pertinent entre des équipes médicales travaillant dans des environnements comparables,
  • Renforcer les réseaux locaux existants et favoriser la continuité des échanges entre spécialistes sur les connaissances et les pratiques médicales,
  • Appuyer l’enseignement médical spécialisé pour soutenir la formation de nouveaux médecins dans les pays concernés.

​Cette approche nous aide à démultiplier nos actions de formation en dépassant le schéma traditionnel de transfert de compétences Nord-Sud. Elle nous permet aussi de répondre aux besoins du terrain avec davantage de précision et d'efficacité. De plus, La Chaîne de l’Espoir s’extrait d’une logique unilatérale en rendant les pays du Sud acteurs de solidarité à leur tour.

Mieux comprendre les transferts de compétences : l'exemple de la chirurgie cardiaque ?

La coopération Sud-Sud est le prolongement naturel et le complément idéal de notre stratégie de transferts de compétences initiée il y a plus de 20 ans.

2 pôles de référence en plein essor

Transferts de compétences et appui à l’enseignement sont 2 piliers de notre action pour renforcer localement l’autonomie médicale. C’est par exemple le cas en Côte d’Ivoire et au Sénégal où les capacités des équipes ne cessent de progresser

Émergence d’un pôle d’excellence de chirurgie de l’œsophage en Côte d’Ivoire

Inauguré en 2018 et créé avec l’appui de La Chaîne de l’Espoir, l’Hôpital Mère-Enfant de Bingerville (HME) en Côte d'Ivoire dispose d’un plateau technique digne des grands hôpitaux européens. Aujourd’hui, notre appui vise à renforcer les compétences de ses équipes médicales et paramédicales dont nous évaluons les progrès chaque année. C’est en chirurgie viscérale que l’HME devient progressivement un centre de référence régional. Cette évolution a été initiée en 2020 dans le cadre du « projet de prise en charge des Ingestions accidentelles de Soude Caustique (ISC) » cofinancé par l’Agence Française de Développement (AFD) et La Chaîne de l’Espoir. Même si plusieurs années seront encore nécessaires avant que cette structure ne devienne totalement autonome, l’HME accueille déjà 2 missions de transfert de compétences par an.

Lors de nos 3 dernières missions dédiées à la coopération Sud-Sud associant des équipes de différents pays, 32 enfants victimes d’ISC et originaires de Côte d'Ivoire et d’Afrique de l’Ouest ont été opérés à l’HME. Un beau résultat qui est amené à progresser à mesure que ce centre gagnera en autonomie

Le CCPC au Sénégal : un centre de référence pour les cardiopathies

Le Centre Cardio-pédiatrique Cuomo de Dakar (CCPC), au Sénégal, constitue un outil exceptionnel en matière de prise en charge chirurgicale des pathologies cardiaques. Il est aujourd’hui devenu un centre de formation pour les équipes sénégalaises et plus largement pour les praticiens d’Afrique de l’Ouest. Avant son ouverture en 2016, une partie de ses équipes s’était rendue à l’Institut du Cœur Viên Tim, notre hôpital partenaire d’Hô Chi Minh-Ville au Vietnam où sont accueillis des spécialistes depuis plus de 20 ans, pour y suivre une formation de 6 mois. Aujourd’hui, les équipes sénégalaises mettent à profit leurs nouvelles compétences de 3 manières :

  • Accueil et prise en charge d’enfants cardiaques provenant d’autres pays d’Afrique : sur les 3 dernières années, le CCPC a opéré 37 enfants venus du Mali, du Burkina Faso, de Côte d’Ivoire, de Guinée, de Guinée Bissau, et du Bénin notamment,
  • Accueil de praticiens pour des stages et séjours de formation : une dizaine de professionnels de santé de pays africains ont séjourné au CCPC pour acquérir ou renforcer leurs compétences en chirurgie cardiaque,
  • Transferts de compétences vers d’autres pays d’Afrique : les équipes du CCPC ont déjà réalisé 4 missions de chirurgie cardiaque dans 2 pays voisins (Burkina Faso et Mali).

La formation : un élément clé du transfert de compétences

Dans le cadre  de la stratégie de La Chaîne de l’Espoir, des missions de formation sont programmées pour développer la coopération et le transfert de compétences entre pays en voie de développement.

Récemment, du 20 février au 20 mai 2022, une équipe chirurgicale de l’hôpital général de Yaoundé (Cameroun) et une équipe chirurgicale du Centre hospitalier de Soavinandriana (Madagascar) ont réalisé un séjour de formation respectivement à l’Institut du Cœur de Maputo (Mozambique) et au Centre Cardio-pédiatrique Cuomo de Dakar (Sénégal).
Ces immersions professionnelles avaient pour objectif d’exposer les participants (chirurgiens cardiaques, anesthésistes-réanimateurs, infirmières de bloc et de réanimation, perfusionnistes) à la pratique de la chirurgie cardiaque pédiatrique.

Cette action est menée en lien avec les projets mis en œuvre dans ces pays en vue de faciliter l’accès aux soins localement pour les enfants souffrant de malformations cardiaques.

           

 La coopération Sud-Sud : une valeur ajoutée incontestable 

Pour l'impact de La Chaîne de l’Espoir :

  • Réduction des coûts par les prises en charge au niveau local
  • Optimisation des ressources
  • Hausse des activités de transferts de compétences
  • Élargissement du réseau médical et chirurgical international

Pour les enfants malades et les familles :

  • Accès simplifié à des soins de qualité
  • Délais de prise en charge accélérés
  • Suivi post-opératoire facilité
  • Prise en charge dans un environnement plus familier
  • = réduction des listes d’attente et plus d’enfants sauvés !

Pour les systèmes de santé locaux :

  • Acquisition et/ou renforcement des compétences
  • Création ou augmentation de la capacité de prise en charge chirurgicale
  • Prise en charge des pathologies les simples aux plus complexes

La coopération c’est l’avenir !

Responsable du service de chirurgie cardiaque au CHU de Tengandogo, au Burkina Faso, formé en partie au CCPC de Dakar et à l’Institut du Cœur Viên Tim d’Hô-Chi -Minh-Ville, au Vietnam, le Dr Adama Sawadogo nous livre sa vision de la coopération Sud-Sud et se projette vers l’avenir…

« Ces transferts de compétences sont importants à plus d’un titre. D’abord, il n’y a pas assez d’écoles de chirurgie cardiaque en Afrique francophone sub-saharienne, Dakar étant la seule jusqu’à présent. Ensuite, le séjour en Europe est insuffisant en termes de durée pour permettre une parfaite maîtrise de la chirurgie cardiaque aux médecins venus des pays en développement. On estime qu’il faut souvent 10 ans d’exposition à la chirurgie pour acquérir de façon autonome les bases techniques. Enfin, les environnements médico-sociaux sont différents de part et d’autre de la Méditerranée.  Avec le développement de la chirurgie cardiaque au Burkina Faso et en tant qu’assistant en chirurgie cardiovasculaire à l’université Joseph Ki-Zerbo, mon challenge suivant sera la formation d’autres chirurgiens et équipes infirmières spécialisés pour réduire la mortalité liée aux maladies du cœur dans mon pays.  C’est un honneur pour moi de mener ce projet qui nous permet de donner l’espoir à des centaines voire des milliers d’enfants condamnés au Burkina Faso. »

La coopération médicale entre pays du Sud fait chaque jour ses preuves et se développe rapidement sous l’impulsion de La Chaîne de l’Espoir. En plus de permettre la prise en charge sur place de davantage d’enfants, elle renforce significativement les systèmes de santé locaux. Dans ce défi passionnant pour l’autonomie et l’accès aux soins, votre soutien reste primordial.

Entretien avec le Dr Laurence Boutin - directrice médicale adjointe de La Chaîne de l’Espoir

Découvrez son interview