Revenir en arrière 12/03/2024 - anniversaire30 ansLa Chaîne de l'Espoirtémoignagesanouchka finkerfamille d'accueilbénéficiairephilippe valenti

LA CHAÎNE DE L’ESPOIR & MOI…

En 2024, La Chaîne de l’Espoir fête ses 30 ans. Trois décennies où elle a changé les destins de milliers d’enfants malades, mais aussi de professionnels de santé, de bénévoles et de collaborateurs qui se sont engagés avec passion à ses côtés. Retrouvez ici les témoignages de quelques-uns d’entre eux.

AIMERANCE NZYAVAKE,

24 ans, étudiante en psychologie à Nairobi (Kenya)

"La Chaîne de l’Espoir m’a donné une seconde vie. Tout aurait été différent sans elle, car j’aurais dû perdre ma jambe à sept ans. J’habitais alors avec ma famille en République démocratique du Congo. La situation était très compliquée dans le pays. Quand ma jambe a commencé à gonfler, ma mère a d’abord pensé que ça allait passer. Puis j’ai été envoyée à l’hôpital, mais il n’était pas assez équipé pour guérir cette infection qui empirait de jour en jour. Heureusement, grâce au docteur Jean-Pierre Lechaux qui m’a auscultée lors d’une mission, j’ai pu être prise en charge par La Chaîne de l’Espoir. J’ai alors été  accueillie en France par une famille avec un cœur en or, Ingrid, Loïc et leurs enfants. C’est là que j’ai été opérée et soignée. Ma convalescence a été longue, mais je ne garde que de bons souvenirs. J’ai appris à nager, faire du vélo… Et surtout j’ai tissé des liens très forts avec Ingrid et Loïc. Nous avons conservé le contact depuis et je les revois parfois. À 24 ans, je construis ma vie. Je suis autonome et je vis à Nairobi, au Kenya, où je fais des études de psychologie. Alors, à mon tour aujourd’hui d’essayer d’aider à ma manière ceux qui en ont besoin."

 

 

DR BEATRIZ FERREIRA

Cardiologue, directrice de l’Institut du Cœur de Maputo (Mozambique)

"J’ai rencontré Alain Deloche il y a exactement trente ans ! À l’époque, au Mozambique, il était impossible d’opérer à cœur ouvert. Seuls les enfants qui partaient à l’étranger pouvaient être sauvés. C’était donc les plus riches qui pouvaient s’en sortir. C’est pourquoi, en 1994, nous avons commencé à transférer des enfants en France grâce à La Chaîne de l’Espoir pour qu’ils puissent être soignés. Mais notre volonté était d’aller plus loin.

C’est ainsi que l’Institut du Cœur de Maputo a été créé en 2001. Nous partions de zéro ! Il a fallu le construire, l’équiper et aussi former tous les professionnels de santé. Tout cela, avec le soutien de La Chaîne de l’Espoir. En 2010, nous avons commencé à opérer en autonomie. Aujourd’hui, nous comptons sept cardiologues – dont deux interventionnels – à l’Institut du Cœur. Nous opérons plus de 180 enfants par an, originaires de toutes les régions du Mozambique, même les plus reculées. 

Surtout, nous ne cessons de nous perfectionner. Les missions annuelles organisées par La Chaîne de l’Espoir nous permettent de continuer à enrichir nos savoir-faire pour les cas les plus complexes grâce au compagnonnage des hospitaliers français bénévoles qui y participent. Et désormais, nous sommes en mesure de former nos collègues mozambicains officiant dans d’autres établissements, créant ainsi un impact positif pour tout le pays."

 

MARIANNE ET JEAN-PIERRE BLÉTARD

Famille d’accueil

"Nous sommes devenus famille d’accueil en 2005 parce que nous étions très sensibles au sort des enfants. Avec mon mari, nous avons adopté nous-mêmes deux enfants vietnamiens et nous avons pu nous rendre compte très concrètement de l’impact de la pauvreté sur l’accès aux soins. Durant toutes ces années, nous avons accueilli huit enfants entre 10 et 16 ans, originaires d’Afrique ou du Moyen-Orient. Chaque situation, chaque personnalité est bien sûr différente, mais cela a toujours été une expérience très riche pour toute ma famille. Nous avons beaucoup appris à leurs côtés. Et, pour la plupart, les liens ne sont pas rompus. Au contraire, nous prenons régulièrement des nouvelles de chacun d’entre eux. C’est un grand bonheur de savoir, par exemple, que Christian au Congo s’est marié, a deux enfants et tient une petite boutique d’informatique. Missa, au Gabon, est devenue coiffeuse. La Chaîne de l’Espoir, non plus, ne laisse pas tomber ces jeunes. Elle a continué à suivre ceux qui avaient besoin d’être opérés de nouveau quelques années plus tard. Ce soutien qui dure dans le temps nous tient vraiment à cœur."

 

 

DR ADAMA SAWADOGO

Chef du service de chirurgie cardiaque au CHU de Tengandogo de Ouagadougou (Burkina Faso)

"

Quand nous avons opéré pour la première fois à cœur ouvert en autonomie en octobre 2022, c’était un rêve qui se réalisait pour le CHU de Tengandogo, mais aussi pour tout le pays. Le Burkina Faso vit des heures très difficiles depuis quelques années. De telles avancées chirurgicales dépassent donc le seul secteur de la santé : elles redonnent de l’espoir, de la fierté même à tous et toutes. Elles sont le résultat d’années d’engagement à nos côtés des équipes de La Chaîne de l’Espoir depuis la première mission organisée en 2019 qui a donné le coup d’envoi à la chirurgie cardiaque dans le pays. 

À titre personnel, l’association m’a permis de devenir le chirurgien que je suis : grâce à ma formation en France, mais aussi au Centre Cuomo de Dakar au Sénégal en 2016 et à l’Institut du Cœur d’Hô Chi Minh-Ville au Vietnam en 2018 – deux structures qui ont vu le jour grâce à La Chaîne de l’Espoir. 

Si j’ose me projeter dans l’avenir, j’ai de l’espoir pour toute la sous-région de l’Afrique de l’Ouest. Les professionnels de santé montent en compétences. Par exemple, nous formons au CHU de Tengandogo des chirurgiens du Niger. Et d’autres centres de chirurgie cardiaque sont amenés à voir le jour en plus de ceux du Sénégal, du Mali, du Burkina Faso… Le rêve devient toujours plus réalité…"

 

 

DR PHILIPPE VALENTI

Chirurgien de la main, co-fondateur et vice-président de La Chaîne de l’Espoir

"La Chaîne de l’Espoir est avant tout une aventure humaine. Anciens de Médecins du Monde, notre amitié et nos liens indéfectibles avec Alain Deloche et Éric Cheysson, fondateur et président de l’association, se sont fortifiés autour d’un souhait commun : créer une association chirurgicale d’excellence. C’est ce qu’est devenue La Chaîne de l’Espoir depuis les années 90. Et bien plus encore ! Je pense à sa présence dans une trentaine pays, ses missions chirurgicales, ses projets de construction

et d’équipements d’hôpitaux, de formation… 

Si nous regardons le chemin parcouru, nous pouvons être pris de vertige. Il y a trente ans, nous ne pouvions nous attendre à un tel développement ! 

Aujourd’hui, les défis sont encore nombreux : les contraintes géopolitiques et sécuritaires qui s’accroissent, les lourdeurs administratives ou de procédures qui freinent l’action… Mais nous avons aussi de belles raisons d’être optimistes. Les nouvelles technologiques nous permettent de plus en plus de s’affranchir des frontières et de rompre l’isolement de certains pays. Désormais, nous pouvons former et apporter notre expertise lors des opérations à distance grâce à une seule connexion Wifi. Les coopérations Sud-Sud s’intensifient également et décuplent les effectifs de professionnels de santé locaux formés en chirurgie…

Sur ces bases, je suis convaincu que le destin de La Chaîne de l’Espoir dépassera celui de ses fondateurs. Pour preuve, la force du collectif de salariés, de bénévoles et de partenaires – au siège et sur le terrain, en France comme à l’étranger – qui ne s’est jamais démentie tout au long de notre évolution."

 

SOPHIE ROLLIN

Responsable Programme Accompagnement Enfants Hospitalisés & Antennes Régionales

"Je suis arrivée à La Chaîne de l’Espoir en 1997 en tant que responsable des programmes Éducation. À l’époque, nous étions une petite équipe de cinq salariés, car l’association venait de se créer. Il fallait donc être polyvalents et l’équipe était très motivée. Tout le monde s’entraidait.

Au cours de ces 26 années, j’ai assisté aux évolutions structurantes de l’association : le développement de programmes avec une approche plus globale, le renforcement des équipes sur le terrain et au siège qui contribue à la qualité de nos actions, la création de partenariats sur le terrain pour mieux répondre aux besoins…

Ces années ont été remplies de rencontres passionnantes avec de belles personnes, de moments de partage, de complicité ou de joie avec les enfants et les communautés auprès desquelles nous intervenons, mais aussi avec les membres de l’équipe salariée ou bénévole."

     

2 questions à Anouchka Finker, directrice générale de La Chaîne de l’Espoir

30 ans, l’âge de la maturité pour La Chaîne de l’Espoir ?

Je dirais que nous avons passé un cap. Reconnus dans le monde humanitaire, nous faisons désormais partie du paysage des ONG importantes. En effet, nous nous sommes beaucoup organisés et consolidés au fil des années. Notre mission première

est de sauver des enfants. Petit à petit, nous avons monté des projets de plus en plus globaux de santé pour mener des actions structurantes, visant un impact de long terme pour les pays d’intervention. Et ce, avec l’objectif de toucher toujours plus de bénéficiaires. 

Et demain ? Comment vous projetez-vous vers l’avenir ?

Dans ce monde très tourmenté, l’un de nos prochains défis sera de renforcer l’intervention en urgence. En Afghanistan, en Ukraine, dans certains pays d’Afrique, etc., nous voyons que nous devons adapter nos modes de fonctionnement. Ensuite, nous avons la volonté d’étendre notre action bien au-delà des capitales, pour toucher les populations des régions les plus reculées. Par exemple, en tissant des partenariats avec des ONG déjà bien ancrées dans ces zones ou en intensifiant notre présence sur place grâce à des équipes composées d’expatriés et de salariés locaux. Nous prévoyons également d’ouvrir de nouveaux programmes en France pour répondre aux besoins sur le territoire français. 

Toutes ces évolutions se réaliseront avec une volonté : préserver l’ADN de La Chaîne de l’Espoir. C’est-à-dire une structure à taille humaine, à la culture à la fois associative et hospitalière, animée par des valeurs de chaleur et de proximité.