Les tragiques événements en Afghanistan nous bouleversent

Après la sidération, le temps de l’action : toujours mobilisée en Afghanistan, La Chaîne de l’Espoir agit quotidiennement pour aider la population afghane, que ce soit par l’envoi d’équipements médicaux, de consommables, de fournitures ou par l’ouverture d’une structure de santé adaptée à la prise en charge d’enfants souffrant de dénutrition sévère.

Mai 2022

Compte tenu du contexte afghan largement dégradé et marqué notamment par la faim qui fait souffrir 95 % de la population, La Chaîne de l’Espoir a travaillé avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la prise en charge d’enfants atteints de dénutrition sévère. Pour ce faire, nous avons intégré au sein de l’Institut Médical Français pour la Mère et l’Enfant (IMFE) une unité de nutrition et l’intégralité des frais (radios, antibiotiques, vitamines, nutriments, soins médicaux et hospitalisation) sont pris en charge par notre association. Composée de 12 lits dont 2 lits de réanimation, cette unité a déjà soigné plus de 350 enfants en 3 mois. Mais, l’urgence est toujours présente comme l’illustre le témoignage du Dr Anne-Marie Gouvet, anesthésiste-réanimateur, de retour de Kaboul :

« Je reviens d'Afghanistan, première mission médicale depuis l'arrivée des talibans au pouvoir pour évaluer la situation de notre Institut Médical Français pour la Mère et l'Enfant. À l'hôpital, l'atmosphère est pesante. Quelque chose a changé ; les visages sont graves, les regards inquiets, les conversations tournent en boucle sur un quotidien devenu terrible.  Il y a eu « l'avant 15 août », il y a « l'après 15 août » et rien ne sera plus jamais comme avant. La famine règne et s'est aggravée au cours de l'hiver, entraînant la mort de milliers d'enfants. Depuis l'ouverture de l'unité de nutrition au sein de notre hôpital, nous essayons de répondre à ce besoin urgent et de sauver un maximum de petits patients. Récemment, l'hôpital Ata Turk nous a transféré Choukria, en état de dénutrition sévère aigue associée à une infection pulmonaire. Choukria a 10 mois et ne pèse que 4,5 kg, sa vie ne tient qu'à un fil. Elle respire vite malgré ses petites lunettes d'oxygène ; la sonde qui descend dans son estomac, apporte l'alimentation enrichie dont elle a besoin. Choukria ne rentrera à la maison que lorsque son poids aura atteint 85 % du poids d'un bébé de son âge, soit 8 kg, le double de son poids actuel. Elle reviendra ensuite en consultations rapprochées pour s'assurer de l'évolution de sa courbe de poids. En attendant, cette petite fille triste est soignée par l'équipe médicale qui allie compétence et empathie mais qui s'inquiète de l'avenir si les financements ne suivent pas. »

Avril 2022

À la faveur d’un pont aérien humanitaire de l’Union européenne qui a atterri à Kaboul en ce mois d’avril, nous avons pu acheminer des tonnes de fournitures, des équipements médicaux ainsi que des consommables de chirurgie cardiaque. Ces derniers vont permettre à des enfants souffrant de pathologies cardiaques d’être opérés dans notre hôpital, l’IMFE. D’autres consommables vont permettre à des enfants victimes de graves brûlures d’être pris en charge au service des grands brûlés de l’Indira Gandhi Children's Hospital de Kaboul. Cet acheminement de matériels a été rendu possible grâce à l’European Union Humanitarian Air Bridge et à RLH Coop.

Mars 2022

Retourner à Kaboul : comme une évidence pour le président de La Chaîne de l’Espoir, le Dr Éric Cheysson. En mars 2022, il a pu se rendre en Afghanistan désormais aux mains des talibans. S’il a ressenti cette peur qui s’insinue partout, il a aussi vu le formidable travail accompli chaque jour par les équipes médicales et paramédicales de l’IMFE. Grâce à leur abnégation, ce sont des centaines d’enfants souffrant de graves pathologies qui, tous les mois, peuvent être opérés gratuitement avec le soutien du Centre de crise et de soutien (CDCS) du Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères. De retour en France, ses doutes avaient disparu et il est aujourd’hui convaincu que la place de La Chaîne de l’Espoir est en Afghanistan, aux côtés d’une population confrontée à de terribles souffrances.

Janvier 2022

Quelques mois seulement après l’arrivée au pouvoir des talibans, nous avons réceptionné à l’IMFE de Kaboul un important don de matériel médical et nutritionnel réalisé par le CDCS. Ce don comprenait un poste sanitaire mobile, des équipements de protection ainsi que des tests Covid-19, des produits de réhabilitation nutritionnelle ainsi que du matériel de réanimation. Tout cela nous a permis de répondre aux premières urgences et aux besoins exprimés par nos équipes médicales et paramédicales.

 

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De janvier à décembre 2022, La Chaîne de l'Espoir a bénéficié du soutien financier du Centre de crise et de soutien du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. D'un montant total de 2 618 000 euros, ce soutien a permis d’organiser des missions médicales et de répondre aux besoins des populations afghanes vulnérables. Ainsi, 3 624 enfants et femmes ont pu être soignés à l’IMFE à travers 2 975 actes chirurgicaux et 6 524 consultations, les frais relatifs aux soins, à l’hébergement et au transport ayant été intégralement pris en charge au Pavillon des Enfants.

Quelques jours seulement, c’est le temps qu’il aura fallu au mouvement islamiste pour progresser à travers le pays avant de s’emparer, le dimanche 15 août 2021, de Kaboul. Face à ces événements tragiques, une douloureuse stupéfaction s’empare de nous… 

En Afghanistan, un pan de l’histoire de La Chaîne de l’Espoir

En Afghanistan s’écrit depuis plus de 15 ans l’un des plus beaux chapitres de La Chaîne de l’Espoir. Une histoire qui débute en avril 2006, lorsque l’Institut Médical Français pour la Mère et l’Enfant (IMFE) ouvre ses portes. Près des ruines de l’ancien hôpital de Kaboul, au pied de la colline Ali Abad, La Chaîne de l’Espoir érige un havre de paix où s’exerce la médecine moderne. Devenu un établissement de référence, l’hôpital qui s’adressait à ses débuts uniquement aux enfants, accueille désormais aussi des adultes. En 2016, une nouvelle aile y est construite hébergeant le pôle Mère-Enfant, consacré à la gynécologie, à l’obstétrique et à la néonatologie.

Pour accueillir et opérer les enfants venant de provinces éloignées qui n’ont pas accès aux soins, ainsi que leurs accompagnants, La Chaîne de l’Espoir crée également en 2008 La Maison des Enfants Afghans (MDEA). En septembre 2016, la structure s’agrandit et devient le "Pavillon des Enfants".

Enfin, depuis ses débuts, à travers des formations mais aussi un transfert de connaissances mené lors de missions chirurgicales, La Chaîne de l’Espoir s’efforce de renforcer l’offre de personnel médical qualifié dans le pays.

Un avenir tristement incertain

Après 15 ans d’activités dans le pays, La Chaîne de l’Espoir et les équipes qui la constitue chérissent le lien qu’elles ont tissé avec l’Afghanistan et son peuple. Cette situation nous bouleverse. Il nous est difficile d’accepter que malgré notre volonté de maintenir nos actions, leur avenir est incertain. Et dans cette trouble situation, nos pensées sont tournées vers nos confrères, amis, et tous ces enfants sur place, en attente d’une opération. Pour eux, nous espérons pouvoir continuer d’agir.

Quelques nouvelles du terrain

Malgré le chaos absolu qui règne en Afghanistan, nos équipes expatriées présentes sur place, ont pu quitter Kaboul et sont actuellement en lieu sûr, bientôt de retour sur le territoire français. Elles sont fatiguées mais gardent le moral et font preuve de beaucoup de courage. Notre équipe afghane restée sur place fait, elle aussi, preuve d’une immense dignité et de force. Même si beaucoup sont très inquiets et bouleversés, la plupart poursuit le travail.

La Chaîne de l’Espoir souhaite continuer d’appuyer autant que possible les activités encore en cours à l’IMFE et au Pavillon des Enfants, pour apporter des soins aux patients.

Aujourd’hui, nous ne savons pas encore par quel moyen nous pourrons poursuivre notre action, prendre en charge les patients, acheter le matériel indispensable (consommables et médicaments), mais sur tous ces points, nous tentons de trouver des solutions.

Nous sommes également en lien constant avec les autorités de France et les ONG françaises actives en Afghanistan, afin d’échanger d’importantes informations pour nos équipes et notre travail.

De vrais liens de solidarité sont à l’œuvre et renforcent le sentiment que l’Afghanistan est un pays cher au cœur de tous.

Un immense merci pour votre soutien.

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